Mercredi.
Rendez-vous chez le coiffeur.
Ma petite sortie aux 2 mois, mon p’tit moment de femme.
Mon 2 heures à papoter avec mon amie, à prendre un café sur les genoux, une teinture dans les cheveux.
Avec les années j’ai apprivoisé les lieux.
J’ose ouvertement me déplacer dans le salon avec mes 2 capes superposées et mes cheveux dans les airs.
Je ne suis d’ailleurs pas la seule, entres-nous, les clients, le ridicule n’existe plus.
On prend soin de nous, on se fait dorloter. Le salon de coiffure se transforme en salon de thé.
C’est un peu pour ça que l’on vient ici. On change d’air, on change de cheveux.
Mais ce matin, entre une gorgée de café et de papotage, un agent de stationnement entre dans le salon.
Une voiture semble l’ennuyer. Le véhicule est mien.
Je me dirige alors vers l’agent qui me suggère, le sourire aux lèvres, de me déplacer.
(Je ne suis pas certaine de saisir si son sourire reflète une belle journée d’été ou si il rit, un peu, de mon accoutrement).
Pas le choix, je dois quitter mon havre de paix et me joindre au monde extérieur afin de déplacer mon véhicule.
M. l’agent, dans son extrême gentillesse, me fait comprendre que l'inélégance vaut bien mieux qu’une contravention de 70$ et me souhaite une très belle journée.
En quelques secondes, je me retrouve dans mon auto avec ma cape de coiffeur mal ajustée, une teinture coulante sur les épaules, 2 linges éponges autour du cou.
J’essaie tant bien que mal d’assembler mes cheveux et d’y glisser une pince.
Ainsi, peut-être, aurais-je l’air moins « décoiffée ».
Je constate à mon grand désarroi qu’aucune place n’est disponible, il va falloir que je stationne ma voiture 2 rues plus loin, réalisant très vite que la distance de retour devra se faire à pied. Zut, j’ai oublié mes lunettes de soleil!
Une chance, ce n’est pas l’heure de pointe.
Une chance, il ne pleut plus.
Trouvant la situation loufoque, je tente l’exercice d’assumer mon accoutrement.
Que peut-il bien m’arriver de si terrible?
J’entame alors ma marche semi-assumée, croisant ainsi quelques piétons intrigués par mon apparât.
Il vaut mieux rire de soi, alors je ris avec les passants et finis par me prendre au jeu de ces brefs échanges, constatant combien il est bon de faire rire une personne inconnue.
En cet infime instant, la chimie opère. Le regard se transforme en sourire. Le contact est établi.
Je ne te connais pas, tu ne me connais pas, mais nous nous sommes regardés.
Je n’aurais jamais pensé qu’une situation embarrassante puisse se transformer en de tels échanges.
Il est vrai que le rire est contagieux et le moyen si facile.
Je ne vous cacherai pas mon empressement à retrouver le salon de coiffure.
Mais je garde de ma promenade clownesque une douce expérience.
Et lorsque la journée prendra fin, peut être que l’instant éphémère vivra encore dans le cœur d’un passant, qui se souviendra aujourd'hui d’avoir croisé une fille coiffée de ridicule...mais le sourire aux lèvres.
Comments