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  • Fabienne Zufferey-Corbaz

Sa réalité

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Il y a quelques années j’ai reçu d’un petit bonhomme haut comme trois pommes, un délicieux breuvage confectionné des ses mains et mis en bouteille par ses soins.

Sur l’étiquette garnie de motifs enfantins, j’ai pu lire: « le jus du bonheur ».

J’ai consommé le jus et savouré le bonheur d’une idée aussi belle.

Le petit bonhomme a grandi, il a maintenant dix ans et demi.

Je le vois plus grand et surtout plus élevé, comme au-dessus du monde, tellement ses pieds sont ancrés au sol.

La forêt en témoigne. Elle est son atelier, son lieu d’apprentissage, l’endroit où il aspire la nature. Depuis sa tendre enfance elle était là, à côté de chez lui, à ses côtés aussi.

Quelques enjambées et le voilà en elle, et la voilà en lui.

Leur rendez-vous va de soi telle une réponse de l’un à l’autre.


Sa forêt a poussé sur un terrain pentu, ainsi il dévale les sentiers pour mieux les ascensionner. Il goûte à une liberté qu’il ne mesure pas encore, puisqu’il n’a pas connu l’étroitesse des villes ni celle des grandes avenues.

Ses arbres rapprochés lui offrent tant d’espace, tant de vie, tant d’habitants. Une densité qui favorise l’expansion de soi.

Les rapaces voient le monde d’encore plus haut; ils sont ses préférés.

Doté d’un gant de protection, il lui arrive de recevoir leurs griffes et leurs ailes sur son bras d’enfant. Une connexion qui passe par un cœur fasciné.


Un jour, sur le ponton d’un lac de montagne, ses oreilles et son esprit ont entendu pour la première fois, un cor des Alpes, un bras de la forêt dont le son l’a profondément touché, traversé. Il l’a choisi l’instrument! Sa vibrance rejoignait la sienne.


J’ai accueilli Marvin chez moi parce qu’il avait un projet dans la capitale du cor des Alpes, Nendaz, là où les ondes sonores continuent de percer les vallées alpines.


Chaque matin il rejoignait une clairière, la salle de répétitions d’un groupe d’adultes.

Il n’a jamais souhaité que je l’allège de son immense instrument, son lutrin, ses partitions, son pique-nique ou son sac à dos. Je le voyais enseveli sous cette charge et fier d’assumer l’entier de sa responsabilité.

À ses quatre heures de répétitions quotidiennes, le petit homme s’offrait, à la pause de midi, une jolie escapade au bord d’un lac où, de l’autre côté de la rive, un cor des Alpes répondait au sien. Le temps s’écoulait hors des minutes et des heures et je me suis demandée ce qui maintenait l’énergie de son souffle?

Tant de belles réponses sont possibles!


Sa passion est née presqu’en même temps que lui :

L’amour de la nature et tout ce qu’elle contient!

Puisse-t-il être contagieux, transmettre le parfum de l’essence des bois, des hauts pâturages, le goût d’une vie simple et puissante, rappeler sans mot dire que la nature a besoin de notre attention, de notre complicité, ne serait-ce qu’en l’observant ou en l’écoutant.


On le reconnaît facilement Marvin. Les supers héros qui figurent sur ses affaires personnelles sont le faucon, le grand-duc, l’aigle ou la vache.

Bien sûr que les bandes dessinées des maîtres de l’univers sont présents dans ses rêves d’enfant, sauf qu’il ne se trompe pas de réalité.


Bon vent Marvin!

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