Dans le silence du matin, j’ai d’abord reçu un ciel rose qui aspirait les montagnes. Une pénombre sacrée amorçait une journée indéfinie. Chaque minute future, pourtant proche du présent, se tenait secrète. Cette part d’éternité, rassemblée devant moi, telle une proposition, attendait ma réponse.
J’étais dans l’atelier du monde, derrière mon établi, face au Créateur qui déjà m’avait gratifié de sa reconnaissance. J’avais les mains libres, prêtes à façonner l’instant suivant, si je voulais bien renoncer au brouhaha d’un mental inquiété tentant de grignoter l’immensité. Quelle prétention!
La beauté se tenait là, face à moi, occupant tout l’espace, alors qu’une petite morosité venue de nulle part s’improvisait dans mes pensées.
J’avais le sentiment d’avoir le choix entre puiser dans la vastitude du paysage ou l’étroitesse d’un mental troublé de je ne sais quelles basses fréquences.
Un dialogue entre l’Esprit et mon esprit. Lui et moi sommes reliés par un contrat de confiance. Signé de Sa main depuis toujours, j’ai consenti à observer fidèlement les règles du bonheur de la Maison.
Sauf que le jeu du mental que j’appellerai pour cette occasion, la distraction, voisine de la dispersion, réduit considérablement le bon usage de mes pensées, outils de création.
Sur mon établi, je reçois toutes les émotions du monde ainsi que la responsabilité de m’en servir, de m’en séparer, ou mieux encore, de les transformer.
Nous sommes l’atelier du monde.
Chacun œuvre à sa construction, y dépose sa couleur, ses intentions et ses actions.
Toutes trouveront une destination!
La distraction, si anodine soit-elle lorsqu’elle égare nos clés ou bouscule le verre à pied, adore envahir le territoire dans une parfaite impunité. De sa banalité, elle est capable d’étouffer jusqu’à l’extinction, le discernement. Elle se fait entendre jusqu’à la surdité, se fait voir jusqu’à l’aveuglement, se laisse adopter jusqu’à l’endormissement.
Sa plus haute distinction s’appelle, le contrôle, agent du pouvoir.
Tout ce que nous vivons ou observons est le produit de l’atelier du monde!
Toujours devant ma fenêtre, ouverte sur l’infini, j’explorais mes pensées.
Il était encore assez tôt pour m’engager sur le versant ensoleillé de ma journée, plutôt que de glisser sur celui de l’égarement.
Là où se porte notre attention, là est notre maître!
Le 31 décembre on nettoie l’atelier.
Le 1er janvier on se remet à l’ouvrage, l’œil attentif, et pourquoi pas, conscient de notre impact inéluctable sur notre environnement, et bien au-delà.
Je vous souhaite votre plus belle empreinte sur la route de 2024 🌟
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