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Je me suis rendue dans ce lieu d’histoire et de culture qui invite à l’écoute.
« L’usage des mots » nommera cette journée qui, dans un espace et un temps défini, parlera du monde, d’un monde, des mondes, empreints pour un instant, d’intemporalité.
Les écrivains se tiendront derrière leurs romans, nous livrant les interlignes que notre première lecture n’aurait pas percées.
Nous sommes sur le seuil de cet ancien couvent qui aujourd’hui ouvre ses portes à chacun de nous, sans choix de vie, sans dévotion ni promesse. Ce qui fut s’est élargi, à l’image d’un jardin devenu terre d’accueil.
La cour intérieure s’est vitrée au-dessus de nos têtes, tandis que nos pas vont et viennent sur un sol en dur. L’agencement central s’est coloré, s’identifiant à la diversité des ouvrages.
Dans le cloisonnement de ce passé, rien ne s’est perdu. Un autre regard s’est posé sur l’histoire, telle une nouvelle proposition.
Autour de cet espace devenu liberté, règnent en gardiens du passé, des murs solides percés de fenêtres étroites. La vision d’autrefois ne devait pas déborder des croyances religieuses, au risque de se perdre.
L’air froid de ce lieu de rencontre se souvient de l’austérité. Nous gardons nos vestes jusqu’à ce que les bouches réchauffent l’atmosphère.
Puis nous regagnons les pièces chauffées, là où l’usage des mots devient la brèche des mots. Ils éclatent sous les paroles des auteurs qui peu à peu se dévoilent eux aussi.
On perçoit le fil qui a relié leur intuition à la plume, puis déposé leur talent sur papier.
D’une histoire captivante autant qu’interpellante, ils suscitent l’interrogation, abandonnant la réponse entre nos mains.
Les écrivains sont la loupe de nos esprits, un rouage dans nos réflexions, un trait d’union entre la matière et l’invisible.
Les mots racontent, accrochant au passage notre imaginaire.
À cet instant, quatre des dix romanciers sont là pour nous, face à un auditoire attentif.
Qui donc a regroupé ce parfait quatuor qui, chacun de leur vibrance, a su transmette un même et puissant message d’humanité? Le hasard peut-être, sous son jour le plus éclairé!
Ils racontent le monde dans ses cris de douleur et sa beauté, son infatigable recherche d’harmonie et de paix, et pour aujourd’hui, le désir pressant de rejoindre une fois encore, les lois de l’Univers qui régissent le Vivant.
Le prix « Lettres Frontières » honorera deux écrivains d’une parcelle de deux pays voisins qui partagent un même lac et une même passion.
Puissent notre enthousiasme et nos applaudissements les inviter tous à nous enrichir de leur art, une nouvelle fois.
Au soir, nous quittons ce coin magique, comme touchés de sa baguette.
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