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  • Fabienne Zufferey-Corbaz

Mes amies authentiques


Autour d’une tasse de thé, le breuvage infuse pendant que les réflexions fusent.


J’adore les souvenirs d’école, de quartiers,

la saveur des pâtisseries qui réjouissent les papilles,

les actualités du jour, de la presse peut-être, de la vie autour de nous sûrement,

notre présente jeunesse face à notre jeunesse passée.

Dans nos souvenirs, on a touché le paradis, on a frôlé l’enfer,

on a maintenant le bagage nécessaire pour apprendre.


J’ai des amies extraordinaires d’authenticité!

C’est pour cela que je les appelle, des amies.

Entre nous, il n’y a pas de place pour les photos de vacances déposées sur Facebook, les sourires éclatants le temps d’un clic, les bras qui touchent le ciel pour parler du bonheur, et le paysage pris à témoin d’un bien être total et sans faille.

Cela existe bien sûr, mais rarement à l’état pur, puisque la vie est tellement riche.

Mes amies authentiques, elles savent rire, elles usent d’un humour tiré de l’expérience.

Elles savent que les larmes existent, mieux encore, elles savent comment les sécher.

On partage la grandeur de la simplicité, la largeur de nos expériences, la profondeur de nos sentiments et la hauteur de nos capacités.

Avec mes amies, l’usage de la théière n’est plus un secret.

Il ne nous manque que la lecture des feuilles de thé du fond du contenant, contenant le mystère du lendemain.

 

Un jour de convivialité, mes amies et moi avons ouvert un chapitre : « Se sentir seul ».

Ça s’appelle la solitude, cependant, je préfère l’expression « Se sentir seul ».

La solitude est un sentiment et non un fait. Elle ne se définit pas par l’absence d’un entourage.

Elle se glisse dans nos fractures émotionnelles, contrairement à la plénitude qui elle, occupe tout l’espace et ne laisse aucune chance au manque de quoi que ce soit.

Dans cette réflexion, je n’inclus pas les personnes qui aujourd’hui, ne frôlent pas l’enfer pour un moment, mais y vivent totalement.

Elles n’analysent pas autour d’une tasse de thé, elles survivent !

Je n’ai pas de mots assez puissants pour témoigner de l’empathie que je leur porte, ni du sentiment d’injustice qui me traverse.


J’y arrive à ce fameux sentiment de solitude.

Mes amies et moi avons eu récemment l’impression qu’il se trouvait dans toutes les émotions qui donnent du fil à retordre.

Parmi ces quelques exemples, nous reconnaitrons certains de nos visiteurs indésirables, sachant que beaucoup d’entre eux ont cette aptitude à s’effacer de notre conscience.

Allons-y, nommons-les:

Tristesse, inquiétude ou angoisse, colère, jalousie, rancune, abandon, injustice, impuissance, insécurité….la liste est encore longue. Tous ces hôtes sont empreints de peur et tous génèrent un sentiment de solitude, une forme de solitude.


La peur serait le terme général qui englobe différentes nuances de gris et de noir et le sentiment de solitude serait le résultat de la peur.

Avec mes amies authentiques, la 1ère tasse de thé récolte les banalités bien sympathiques d’usage, ainsi que le plaisir d’être ensemble.

À la 2ème tasse, on prend le temps d’écouter l’autre.

Nos histoires sont de peu, à très différentes.

On dirait qu’elles ont chacune leur prénom au sein d’un même nom de famille.

Plus j’écoute, plus quelque chose résonne en moi. Plus j’entends mes amies, plus je m’entends.

Pas la même page, pas la même résonance, pas la même interprétation, pas le même ressenti, mais la même crainte sous-jacente qui tend la main à une solitude intérieure.


Nous avons pris conscience que, de nos désappointements, quels qu’ils soient, nous reconnaissions systématiquement la signature de la peur de quelque chose qui nous laisse, seul au monde.

On ose se poser la question : en fait nous avons combien de problèmes?

Un seul qui se manifeste à plusieurs endroits ou plein d’endroits qui nous ramènent à un seul problème. Celui de la peur qui conduit au sentiment de solitude.

Et si le sentiment de solitude était d’abord au fond de soi, qui, en jouant de ruse, ferait porter le chapeau à ce qui se passe à extérieur de soi?

Un extérieur qui ferait la pluie et le beau temps, et un état interne qui y serait assujetti.

Sauf que, nous relevons avec amusement que dans les mêmes circonstances, l’empreinte émotionnelle fluctue. Pour une même couleur de ciel, un même parfum d'automne, une même voix ou un même silence, l’instant qui s’écoule se colore en variable de perceptions.

QUI donne le ton?

À la 3ème tasse de thé, nous considérons.

Je pense aux circonstances que j’ai pu rencontrer dans le cadre des soins à domicile, lorsque j'y travaillais.

Un autre bon sens chahutait parfois la logique: la misère régnait dans le luxe, la richesse trouvait sa place dans la simplicité, parfois même dans la précarité.

QUI ou QUOI donne le ton ?

Nous avançons en âge, nous avançons dans nos réflexions.

Que se passerait-il, si la stimulation de l’extérieur venait à disparaître?

Un peu comme les personnes âgées en EMS (maison de retraite, en retrait en effet !) en perte d’autonomie et d’indépendance, d’activités physiques voire intellectuelles, en perte de projets, d’attention, et même en ces temps, de relations sociales et de visages découverts!

Une soustraction totale à un environnement autrefois familier, presque maîtrisé.

Combien de situations viennent s’inscrire dans ce chapitre de la perte et qui nous renvoie en ligne droite, à l’intérieur de soi? On y trouve quel refuge ou quelle peur?

Les tasses sont vides, la lecture des feuilles du fond de la théière nous est toujours étrangère,

alors, on décrypte au fond de soi, au fil des âges, au fil de l’avantage de l’âge.

L’extérieur est un terrain d’entraînement, le tremplin de demain.

Nous sommes notre principal accompagnant, celui que nous pourrions observer avec indulgence ou avec bénédiction. On le remercie de sa complétude, et on l’épaule dans sa solitude.

Quelque part, existe en nous, cette partie étincelante, exempte de toute forme d’isolement. Elle ne connait que la paix, elle a ce Tout, qui n'a besoin de rien.

Dans notre enfance, nous sautions à la corde et on pensait…à sauter à la corde.

Puis, nous avons sauté dans les évènements et nous avons pensé….à vivre les évènements.

Aujourd’hui, nous sautons dans l’expérience et nous pensons…. comment les vivre, encore mieux!


La théière est au centre de notre table, elle déverse dans nos tasses, comme dans celles de nos invités, le thé dont nous avons choisi la saveur.

Bien à vous!

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