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Fabienne Zufferey-Corbaz

Les passagers de l'hiver


Couvert de nos manteaux, on rentre chez soi plus tôt.

Les arbres, eux, dorment les bras ouverts, dénudés de leur opulence estivale. Leurs racines se figent dans un sol glacé. Elles seront garantes d’un sommeil stable et profond.


Pendant ce temps d’arrêt, de suspension, un renouveau se prépare.

Pas besoin d’y penser, même pas de l’imaginer, surtout pas, ça pourrait faire ombrage à l’inattendu.

Non pas que le feuillage serait différent, mais le regard que nous lui porterons pourrait changer.


L’hiver connaît, il sait se taire puisque que tout se fait en silence.


Il a l’immense sagesse de ne pas s’opposer au froid, il le laisse se répandre…

L’hiver absorbe une indéfectible résistance.


Le froid surprend, s’engouffre sournoisement dans les fissures et lorsque sa froidure ne lui suffit plus, il s’accompagne du vent qu’il rend glacial, imaginant que tous deux auront raison de l’hiver.

Ensemble ils fouettent les visages qui se crispent et se demandent… ?

Ils heurtent les fronts, frôlant les pensées.


Or, le tapis neigeux apaise, il est une force de l’hiver.

Une force tranquille qui atténue les dessous malaisés.

Le doux flocon épaulé des siens s’est rendu solide et protecteur.


La saison invite chacun à l’intérieur de chez lui ou à l’intérieur de lui-même.

C’est là qu’on ne craint ni le froid, ni le vent.

Dans vos foyers, gagnez de la chaleur et partagez-là.


Nous sommes tous des passagers de l’hiver.

Guéris de nos impatiences, forts de nos expériences, nous savons que l’hiver a sa juste place.

Epuisé, le vent oubliera son sifflement grave et menaçant pour entonner un chant plus doux,

plus léger.

Un rayon, notre rayonnement se fera sentir.

Les possibles seront nos hôtes.


Ensemble nous aurons réchauffé la Terre, une nouvelle fois.


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