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Ma saison hivernale s’est prolongée dans les vastes régions du Québec.
Forêts endormies dans une douce blancheur, silence d’une vie au repos, neige immaculée ou seuls les animaux trouent l’épais tapis neigeux, j’avais le sentiment de visiter des lieux sacrés. Ils l’étaient!
Rivières et lacs gelés se fondaient et se confondaient dans l’espace; ils avaient perdu pour un temps, leur condition d’eau. Le froid leur avait imposé l’immobilité, cet état qui permet la méditation, le vide mental, le plein d’émerveillement.
Tous ces éléments s’étaient rassemblés pour m’inviter à ma rencontre. J’étais bien.
Je me souvenais d’une vérité dont parle la nature, lorsqu’on l’écoute :
« Tout se fait dans l’ordre des choses. Tout vibre au même diapason ».
Je me sentais à la fois souveraine et gouvernée.
Une obéissance subtile qui se trouve dans l’alignement des pôles. Les pieds ancrés au sol,
la tête en réceptivité d’une puissance invisible, et ce dialogue entre eux qui rend libre.
Cette nature imposante en garantissait le lien.
Pour une fois, l’obéissance avait un goût de liberté.
C’était comprendre ce lien indéfectible entre le monde créateur invisible et ses multiples expressions dont elles sont le prolongement. Nous en sommes. Je me conformais religieusement à ses lois universelles, grâce auxquelles nous héritons la souveraineté, celle de soi, la plus difficile. Une souveraineté qui accueille l’humilité.
Elle vit en nous et demeure intacte, même si le voile de la distraction l’estompe quelque peu, parfois entièrement.
Dans mon évasion, je devais suivre les balises du sentier et ne jamais m’en écarter, au risque de me perdre. Mon être dans son entièreté entendait ce message.
Cette contrée sauvage et paisible favorisait la connexion entre le corps et l’Esprit.
Je me suis appliquée à l’imprimer dans mes pensées parce qu’au retour, j’allais à nouveau côtoyer les contradictions de ce monde. Celui de l’homme qui se pense maître et obéit à la peur, la racine du pouvoir; une souveraineté mal comprise.
Je m’imaginais puiser dans l’enseignement que cette vaste forêt québécoise m’inspirait.
Je l’aurais transféré silencieusement là où la tentation de l’oublier se serait présentée.
Il se serait glissé entre les mots, aurait apaisé l’inquiétude, il aurait soutenu sa vérité jusqu’à sa clarté.
Je l’attends, nous aurons rendez-vous.
Bien que le climat fût rude, l’enseignement s’est fait dans la douceur, cette force tranquille qui, justement, sait traverser la rudesse et calmer la tourmente.
Il m’attend, nous avons rendez-vous.
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