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Fabienne Zufferey-Corbaz

Le studio

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À 14.00 je sonne à la porte d’entrée d’un immeuble du centre-ville.


Jusqu’à ce jour, le mot studio me renvoyait à une surface d’habitation modeste, contenant l’indispensable aux besoins fondamentaux de l’existence.

Souvent, il est la première indépendance de l’étudiant « sans sous » qui fonde, sur ce petit royaume bien à lui, ses aspirations embryonnaires. Entre doute et détermination, il se rapprochera de ses préférences ou même de ses passions.


En descendant l’escalier qui conduit au sous-sol, j’allais découvrir un monde nouveau,

celui d’un studio d’enregistrement.

Comme dans la vie, les mots se transforment, leur sens prend de la hauteur ou de la distance.

Ici, le studio c’est de l’espace.

Un espace bien au-delà d’une surface!

L’homme qui m’accueille a peut-être lui aussi entamé sa vie d’adulte dans un studio.

Celui-ci, il l’a rêvé, puis réalisé. Il a écouté son ambition qui jointe à ses talents de musicien allaient le conduire dans l’univers du son.


Il m’invite à franchir le seuil de l’inconnu qui déjà me fascine.

Je l’approche avec le même respect que m’aurait inspiré un sanctuaire.

Autour de moi, de nobles instruments de musique règnent en maître.

Dans leur silence, je les entends, comme si leur harmonie s’était définitivement inscrite dans l’immensité. Invariablement, ils attendent le doigté, la frappe ou le souffle de l’instrumentiste qui déploiera à nouveau leur vibrance.

J’avance encore entre murs et plafonds calfeutrés, franchis des portes épaisses et lourdes, derrière lesquelles une technologie de pointe se met au service du son.

L’absence de fenêtre n’entrave pas l’horizon mélodieux qui se profile.

La plus simple note traversera le filtre d’un équipement imposant.

C’en est drôle de cette agrégation entre la fluidité de l’onde sonore et la compacité d’un matériel solide; entre la matière subtile et la matière dense. J’ai envie d’écrire, matière danse. L’une est le prolongement de l’autre, comme des bras qui prolongent le cœur.


De ces deux éléments jumelés, cet architecte du son, ajuste et orchestre le tout.

La finesse de son oreille demeure son instrument le plus précieux, un pont entre l’esprit et la matière. Ses doigts d’expert parcourent les touches et retouchent sans cesse, jusqu’à envoûter nos émotions.

Au départ, la note perce le silence… elle prend son envol et s’accompagne de ses sœurs jusqu’à la symphonie. De concert avec l’âme, elles imprègnent nos cellules et les soulèvent jusqu’à rejoindre leur fréquence.


Je suis entrée dans un studio d’enregistrement, j’ai découvert une cathédrale!


La passion en est le piédestal. Sans elle, le métier ne serait pas.

Dans un sous-sol du centre-ville, le son est honoré. Son rayonnement sera rendu là où il a pris naissance: à la Source du langage universel qui touche les cordes de la sensibilité.


Chaque chose, portée par la passion, est garante d’accomplissement. Comme une passagère venue d’ailleurs, elle traverse nos vies en choisissant soigneusement ses interprètes.

De la plus discrète à la plus sonore, de la plus délicate à la plus exaltée, je salue toutes les interprétations de tous les mondes, en accord parfait avec L’Univers.


Ce sont elles qui donneront force et vie au nouveau monde qui s’esquisse.




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