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  • Fabienne Zufferey-Corbaz

Novembre, les pantoufles de l’hiver


D’abord, les pantoufles montrent le bout de leur nez.

C’est pas qu’on ait envie de les rejoindre,

C’est toujours trop tôt de quitter ce qu’on appelle « les beaux jours ».

On oserait presque penser que la Nature crée de vilains jours, ou qu’un certain mois souscrirait à la mélancolie, au renoncement, aux regrets, à l’absence, ou même qu’il autoriserait la mort de quelque chose, plutôt que la fin d’un cycle.

Le mois de novembre accomplit son oeuvre.

Il accompagne, il prépare, il régule, il est l’enseignant d’une récurrente transition.

Novembre éteint progressivement les couleurs automnales jusque là flamboyantes, en Maitre du métal précieux. Il sait d’un geste doux apaiser la lumière, réduire la clarté, fragiliser les nuances, ordonnant harmonieusement une concordance reposante.

Le petit matin prend chaque jour du retard alors que l’obscurité caresse nos fenêtres précocement.

La cadence est plus lourde, plus ancrée, plus intériorisée.

Novembre a le pas tranquille, solide, il porte sur ses épaules nos vagues à l’âme.

Bien avant nous, il sait que nous peinerons à ralentir le tempo, à modifier le rythme, à entrer dans nos pantoufles encore neuves.

Bien avant nous, il sait que l’étape s’annoncera porteuse. Que plus le vent sera glacial plus nos maisons seront chaudes.

Novembre symbolise le courage de la transition. Il quitte l’avant, alors que l’après n’est pas encore là.

Un après appréhendé, qui pourtant, réserverait autant de joie et de plaisir que nous sommes capables d’en recevoir.

Les pantoufles deviendront nos alliées. Elles réchaufferont nos pieds jusqu’à nos cœurs.

« Novembre, ton nom est posé, lent, presque grave. Je salue ton arrivée, ton ardeur à la tâche si peu reconnue ».

Ce qui semble disparaître, élabore le moule d’un autre temps.

Une pensée particulière à ceux qui portent en ce moment bien plus qu’un changement de saison,

et qui toutefois, demeurent au cœur d’une transition.

Bien à vous !

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