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  • Fabienne Zufferey-Corbaz

La cérémonie

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Il y régnait quelque chose de différent dans cette église au cœur de la ville.

Une tristesse désarmante se laissait envelopper d’une douceur réconfortante.

Lui, est au cœur de la cérémonie.

Il rassemble, grâce à son humanité, qui elle, ne s’éteindra jamais.

Elle, une grande âme qui diffuse amour et amitié au sein de ce rassemblement.

Elle ouvre ses bras, elle accueille. Je la suis du regard et ne vois que la profondeur de ses gestes. On ne sait pas qui réconforte l’autre, puisque donner et recevoir sont un seul mouvement.


Lui s’appelle Yves, il s’en est allé sans prévenir, sans au revoir. C’était l’heure, son heure.

Elle s’appelle Cécile, sa compagne qui reste ici et témoigne de leur message commun.


La grande église au cœur de la ville avait les murs bien trop étroits pour accueillir autant de gratitude envers cet homme qui, toute sa vie, a aimé soulager les corps et les âmes.

La reconnaissance débordait jusque sur la place de l’église qui réunissait des gens debout, présents à leur dernier rendez-vous. Je suis certaine que ce jour-là, Yves soignait encore.


Les témoignages ont souligné cette humanité qui s’est étendue bien au-delà de son cabinet de thérapeute.

Avant sa rencontre avec Cécile, Yves a fondé une famille. Une famille qui s’est agrandie et dont il demeurera une ressource précieuse, riche d’enseignement et d’amour.

Ses filles ont témoigné de leur vie d’enfant heureuse, sur laquelle elles peuvent maintenant s’appuyer. Un héritage solide.


Parfois la route des parents se sépare. Elle ne se ferme pas, elle permet à chacun un cheminement différent. Les certitudes s’inclinent face au destin, face aux missions de vie.

Les petits-enfants appellent Cécile, « l’amoureuse de Papi », elle fait partie de la famille.

La bienveillance est si naturelle lorsqu’elle s’apprend tôt.


Devant une foule bouleversée, Cécile s’est levée, elle a pris son chagrin à bras le corps, portée par une force venue d’ailleurs.

Dans son message, elle parle de la vie de son compagnon, de ses enfants, de sa femme.

La particule « ex » n’existe pas. Elle n’aurait su laisser sur le bord de la route une histoire qui a été vécue.

Quelle leçon de vie! La grandeur d’âme n’a de place pour l’égo.

Cécile laissait battre son cœur, comme si dorénavant elle allait, à sa manière, le faire vivre pour deux.


L’homme à l’harmonica est venu se placer au pied du cercueil de son ami.

Un geste respectueux. Son fauteuil roulant avait permis, pour cette fois, une plus grande proximité dans l’espace. Ils étaient, eux deux, dans le même champ vibratoire, dans le même chant musical.

Les mains n’ont pu retenir leurs applaudissements! Elles libéraient un trop plein d’émotions et soutenaient l’unisson, l’union d’une humanité fraternelle. Elles remerciaient cette beauté qui sait traverser la douleur.

Le souffle de ce couple se répandait sur nos têtes troublées.

Ensemble, Yves et Cécile, chacun dans leur dimension maintenant, poursuivaient leur mission d’accompagner, d’entourer, d’adoucir le quotidien.

« Le divin prend forme dans le visage de l’Homme » (citation du prêtre)

Leur message continuera de se propager et d’ensemencer là où il est attendu.


Avec estime à Cécile et Yves.

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