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Fabienne Zufferey-Corbaz

L'angoisse

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Elle s’engouffre, elle désarçonne, elle envahit.

En une seconde, elle creuse un fossé vertigineux, non pas devant soi, mais en soi.

Cette peur qui tenaille les esprits et traverse le corps, c’est l’angoisse.


Je me suis trouvée face à toi, mon amie. Je l’ai vue à l’œuvre cette peur panique.

Elle s’est emparée de ta personne, elle a pris les commandes.

Aucun élément ne justifiait sa présence et c’est précisément son imprévisibilité qui décontenance les corps les plus robustes.


La crise s’est apaisée, laissant derrière elle un sentiment de honte ou de faiblesse.

Nul n’aurait pu déloger ce spectre de solitude qui te maintenait prisonnière de son gouffre.

Je t’ai trouvée forte, mon amie.

Derrière ton désarroi, j’ai vu ta lutte que tu as prise pour une défaite.

Qu’aurais-je fait à ta place ?


Je me suis souvenue de tout ce que tu avais géré dans ta vie, même supporté grâce à ta maîtrise.

Combien de frayeurs t’a-t-il fallu pour emmagasiner autant de peur?

Combien t’en a-t-on transmises?

Tu crains désormais que la violence de l’angoisse rôde autour de toi, prête à t’assaillir à nouveau, qu’elle te prive de liberté, toi qui l’as tellement désirée.


Te souviens-tu de cette aisance qui dilate les poumons et gonfle le cœur?

Celle qui, les bras grands ouverts, pousse vers l’avant et embrasse la confiance.

Cette aisance est inhérente à ta Nature, à ta vraie Nature. Seuls nos aveuglements, nos incompréhensions paraissent troubler le Plan initial.


Je crois savoir que le corps s’exprime sans mensonge.

Son langage est sien, sa voix d’abord imperceptible devient assourdissante, puis il s’inscrit dans la chair. D’un signal d’abord discret, il te parcourt jusqu’à l’invasion.


Souviens-toi, mon amie, l’angoisse n’est pas une ennemie, elle te renseigne en s’emparant de toi. Elle recueille le passé, elle t’informe de ses empreintes sans jugement.


Cette angoisse, je t’invite à la nommer autrement, à la penser autrement.

Puisses-tu la rencontrer, l’écouter, la saisir si cela t’est possible?

Lorsque tu touches à sa racine, la cause de sa présence, tu entames un grand travail de libération.

Je ne connais pas le chemin qui t’y conduira, parce qu’il est en toi.


Un jour, lorsque tu auras reconnu son message sans égard, je le reconnais, son énergie retournera à la Terre-Mère qui composte et fait renaître la Lumière.

Exactement comme la terre le fait pour ses végétaux.

Et si l’heure du face-à-face n’est pas encore venue, je vois avec estime ce que tu portes.


Je salue avec respect tous les êtres qui traversent ces tempêtes intérieures, quelles qu’elles soient, parce que sans le savoir ils œuvrent non seulement pour eux-mêmes, mais pour d’autres. Ils participent à la guérison de ceux d’avant et de ceux d’après.

De mémoire en mémoire, de génération en génération, quelqu’un de vous va rompre le silence et déjouer le modèle. Ça s’appelle transcender.


Mon amie, je nourris cette victoire qui t’attend quelque part.

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